66-1 |
Save page Remove page | Previous | 1 of 4 | Next |
small (250x250 max)
medium (500x500 max)
Large
Extra Large
large ( > 500x500)
Full Resolution
|
This page
All
|
Object Description
ID | 66 |
Title | 1848-04-17 From Troyes To Esternay |
Subject |
death Jean François Poirrier condolence |
Description | 1848-04-17 |
Date | 1848 |
Authors | J-B Letre |
Recipients | Louis Alfred Poirrier |
Sent to location | Esternay |
Sent from location | Troyes |
Series |
Alfred Poirrier condolences 1000 Series |
Transcription |
[Postmark:Troyes, 17 avril 1848] Mon cher Alfred, D'abord et avant tout, permets moi de conserver avec toi les termes familiers dont se servent les personnes les plus etroitement liées; c'est assez te dire que je regrette que tu n'en aies point usé ainsi, et que tes lettres auraient pour moi un charm de moins si tu ne le faisais pas à l'avenir. Depuis quelques jours j'avais eu la douleur d'apprendre que ton honorable et malheureux père avait cessé d'exister; mon père qui lui aussi est bien malheureux depuis quelques temps, m'avait informé de cet affreux malheur dans sa dernière lettre. Je n'ai pas la pretention, mon cher ami, de t'apporter des consolations dans un aussi cruelle circonstance; je sais qu'elles sont impossibles surtout lorsqu'un tel malheur est venu nous atteindre d'une manière si prématurée et si imprévue. Tout ce que peut alors un ami de vieille date qui lui aussi se trouve bien douleureusement [atteint?] du coup qui vous accable tous, c'est de mêler les larmes aux vôtres. Si cela peut rendre votre douleur moins amère vous en eprouverez constamment bien du soulagement, car la perte de ton estimable père n'a-t-elle pas causé partout les plus vifs regrets et l'affliction la plus profonde? Juge quelle doit être celle d'un de ses vieux amis qui le considerait comme un second père, titre bien complètement justifié par l'intérêt qu'il m'a porté et par les soins de toute sorte qu'il m'a prodigués, et grâce auxquels je me suis approprié tout ce que j'ai pu de ses excellens principes qui n'ont pas peu contribué à me faire arriver, moi jeune homme sans fortune et sans appui, à une portion qui, quoique modeste, suffit pour me faire vivre honorablement et sans inquiétudes. Aussi [Page Break] malgré une séparation de près de 20 ans, j'ai conservé jusqu'à présent pour ton père si regretté, tous les sentimens du plus sincère attachement et de la plus vive affection, tels que je les eprouvais lorsque je recevais de lui les premiers principes et les premières leçons. Tant que je vivrai, ces sentimens existeront chez moi purs et intacts pour sa mémoire vénérée. Mon bon ami, tu n'as pas besoin de conseils; mais si j'étais appelé à t'en donner, je te dirais seulement: mieux que personne tu as connu et apprécié ton bon et digne père; marche sur ses traces. En quittant Esternay, surtout la dernière fois, j'avais recommandé mon pauvre vieux père à l'intérêt et à la sollicitude de mon mon meilleur ami, de ton excellent père. Tu dois rester à Esternay, rends moi le service de continuer cette bonne oeuvre; mon père aura certainement besoin de conseils et de consolations; la [malheureuse?] position dans laquelle il se trouve depuis bientôt 18 mois les lui rend surtout nécessaires; remplace moi dans cette tâche que j'ai la douleur de ne pouvoir remplir. L'obligation que je t'en aurai et les sentimens exquis que je conserverai toujours pour la mémoire de ton excellent père seront les deux plus forts anneaux du lui d'amitié qui nous unira toujours. Je n'espère pas aller à Esternay de sitôt; la nature de mes fonctions qui me permettrait facilement et dans presque toutes les circonstances ma absence de trois ou quatre jours s'oppose à ce que cette absense se prolonge plus longtemps; il me faudrait pour cela l'obtention d'un congé et mon remplacement par un surnuméraire, ce à quoi je ne pourrais guere me résoudre que dans ma circonstance impérieuse, ou après une plus longue séparation de mes parens et de mes amis. Je te remercie d'avoir compris ma famille dans les témoignanges d'affection que tu m'exprimes; elle se compose de deux petites filles de 14 mois et de 2 mois, toutes deux bien portantes. Le nom de ton malheureux père n'était point un nom étranger pour ma femme qui depuis longtemps connaissait tout ce que j`éprouvais de bonheur à parler de lui, et l'origine des sentimens qui m'engagaient à le faire bien souvent; aussi a-t-elle été bien [Page Break] vivement affecté de cette terrible nouvelle. Sois mon interprète auprès de ta digne mère si cruellement atteinte, et de tes frères non moins malheureux; dis leur combien je voudrais que ma douleur pût apporter quelque adoucissement à la vôtre. Quant à ma vive et sincère affection pour tous et pour toi particulièrement, mon cher et malheureux Alfred, elle est et sera toujours la même, ce sera celles que depuis de longues années, j'avais irrévocablement vouée à ton bon et excellent père, dont la fin prématurée est d'autant plus cruelle pour moi que les amis tels que lui sont trop rares. Ecris moi quelques fois Tout à toi de la plus sincère et de la plus inalterable amitié [J-B Letre??] [Man(i,u?)tiche ?] 16 avril |
Translation |
Postmark: Troyes April 17, 1848 My dear Alfred, First and before all else, let me stay on familiar terms with you as do those people most closely tied. It's enough to tell you that I'm sorry you did not use any at all and that your letters would have less charm for me if you didn't do it in the future. Several days ago I was grieved to learn that your honorable and unfortunate father had passed away. My father, who has also been unfortunate for some time, had told me of this terrible hardship in his last letter. I don't claim, my dear friend, to bring you consolation in such a cruel situation. I know consolation is impossible especially when such hardship comes to us in such an untimely and unexpected way. All an old friend can do, when he too finds himself painfully touched by the blow that overwhelms you all, is to mingle his tears with yours. If that can make your pain less bitter you will constantly experience relief because the loss of your respectable father, did it not provoke the strongest regrets and deepest affliction everywhere? Judge for yourself what the affliction must be of one of his old friends who thought of him as a second father, a title fully justified by the interest he took in me and by the many types of care he showed me. Thanks to this, I appropriated all I could from his excellent principles, which contributed significantly to getting me, a young man without fortune or support, to a living, however modest, which is sufficient for me to live honorably and without worries. Also, -- Page Break -- in spite of an almost twenty year separation, I've always kept the sincerest attachment and strongest affection for your father, so sorely missed. These feelings remain as strong as when I first received from him the first principles and first lessons. As long as I live these feelings will exist towards his venerated memory, pure and intact in me. My good friend, you don't need advice, but if I was asked to give you some I would only tell you: You knew and appreciated your good and dignified father better than anyone; walk in his footsteps. Leaving Esternay, especially the last time, I had placed my poor old father in the interest and care of my best friend, your excellent father. You must stay in Esternay, do me this favor of continuing this good work. My father will certainly need advice and comfort. The unfortunate position he's found himself in for soon to be eighteen months, makes this especially necessary. Replace me in this task that I sorrowfully cannot fulfill. The obligation I'll have to you and the exquisite feelings I'll always retain for the memory of your excellent father, will be the two strongest rings of friendship for him that will bind us forever. I don't expect to go to Esternay again for awhile. The nature of my responsibilities would easily allow me to but in almost all circumstances an absence of three or four days prolongs expensively. To do this I would have to obtain a break and a supernumerary replacement. I could not do this except in a pressing situation or after a longer separation from my and friends. I thank you for having sympathized with my family in your expressions of affection. I have two young girls, one fourteen months and one two months. Both are doing fine. Your unfortunate father's name was hardly foreign to my wife who, for a long time, knew of the enjoyment I found in talking about him and of the origin of my feelings that led me to frequently do good towards him. She too was -- Page Break -- was greatly affected by this terrible news. Speak on my behalf to your dignified mother, so cruelly hit, and to your brothers, no less unfortunate. Tell them how much I would like my pain to be able to soften theirs. As for my great and sincere affection for all of you, and for you in particular, my dear and unfortunate Alfred, it will always be the same. It will be the same as the affection that I irrevocably devoted for many long years to your good and excellent father, whose premature end is even crueler for me, as friends such as him are too rare. Write me sometime. Yours ever, in the sincerest and most lasting friendship [signature illegible] Mantioche April 16, 1848 |
Document Type | condolences |
Rights | This collection is open access. |
Description
Title | 66-1 |